Cette fin d’année 2021 a été l’occasion de se retrouver lors des 41èmes Journées annuelles de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie au cours desquelles le Pr Nathalie Salles a été élue Présidente de notre société. Ces 3 journées ont réuni plus de 1 500 professionnels, en présentiel comme en distanciel, autour de 42 sessions. Au cours de la conférence inaugurale, les Prs Delfraissy et Hébert ont abordé les problématiques en lien avec la pandémie de COVID-19 en France et au Québec.
Parmi les éléments marquants du congrès, lors de la session « Quoi de Neuf ? », les résultats de l’enquête PUGG (Pratiques et Usages
en Gériatrie et en Gérontologie) qui portait sur les mécanismes d’acceptation ou de refus de la vaccination contre la COVID-19 chez les résidents en EHPAD ou en USLD ont été présentés. Au cours de cette enquête menée pendant l’été 2021, 101 médecins et personnels d’EHPAD et d’USLD (89/12) ont répondu, représentant plus de 10 000 résidents. La couverture vaccinale était de 90 %. Dans cette population, 3 facteurs principaux à l’origine de l’acceptation ou du refus de cette vaccination ont été identifiés. Le premier reste la conviction personnelle, les personnes qui se vaccinaient habituellement contre la grippe chaque hiver acceptaient beaucoup plus fréquemment la vaccination contre la COVID-19. Le deuxième est le fait de sentir son état de santé comme trop instable, ainsi les résidents les plus fragiles et les plus polymédiqués ont aussi été ceux qui ont le plus souvent refusé cette vaccination ! Enfin, le troisième facteur est représenté par l’autonomie décisionnelle, les personnes qui étaient en capacité de comprendre les informations relatives au vaccin et de prendre elles-mêmes la décision de se faire vacciner étaient celles qui se sont le plus souvent faites vaccinées. La communication avec les personnes encore hésitantes à la vaccination reste donc un axe d’amélioration de la couverture vaccinale.
La COVID a pris de fait une place importante dans les communications scientifiques mais n’a pas éclipsé des nouveautés plus enthousiasmantes. Ainsi, dans le champ de l’insuffisance cardiaque, les glifozines (inhibiteurs SGLT2) font une entrée remarquée. Ces molécules (Dapaglifozine, Empaglifozine) développées initialement dans le traitement du diabète ont montré un bénéfice dans l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection altérée (FEVG ≤ 40 %) sur un critère composite de mortalité cardiovasculaire et aggravation de l’insuffisance cardiaque. Elles sont maintenant recommandées chez tous les patients, en première ligne, au même titre que les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ou l’association Sacubritil/Valsartan, les bêtabloquants et les antagonistes des récepteurs aux minéralocorticoïdes. Même si l’âge moyen des patients inclus dans les études princeps est autour de 65 ans, le bénéfice semble persistant chez les plus de 75 ans qui représentaient 24 % des patients traités. Dans l’insuffisance cardiaque à FE > 40 %, l’Empaglifozine est associée à une réduction du risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque, même si l’effet est plus important lorsque la FE est inférieure à 50 %. Les patients âgés pourraient donc tirer bénéfice de ces nouvelles possibilités thérapeutiques et nous devrons évaluer leur tolérance en situation de « vraie vie ».
Au cours de ces journées, le rapport de mission « Pour une prise en soin adaptée des patients et des résidents d’EHPAD et d’USLD » remis par les Prs Claude Jeandel et Olivier Guérin en juin 2021 à Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée charge de l’Autonomie, a également été présenté. Ce rapport comprend 25 recommandations. Une seule d’entre elles concerne les USLD et leur requalification en unités de soins prolongés complexes (USPC) à vocation strictement sanitaire. Les autres recommandations concernent les EHPAD et traitent de la nécessité d’unités de vie protégées ou d’unités de soins Alzheimer dans ces structures, de la création de places de Pôle d’Activité et de Soins Adaptés (PASA), du déploiement des unités d’hébergement renforcées, du renforcement de la dimension… médico-soignante, de la reconnaissance par décret de la fonction d’infirmière coordinatrice, de la spécificité des infirmières de pratique avancée en gérontologie, de la présence d’infirmières de nuit, de la préfiguration d’un nouveau modèle d’organisation médicale en EHPAD, de l’optimisation des équipements médicaux et de réadaptation, de la sécurisation du circuit du médicament, de la généralisation du tarif soin global, de la formalisation des modalités d’intervention des ressources sanitaires… L’ensemble des éléments de ce rapport peuvent être consultés sur www.solidarites-sante. gouv.fr/IMG/pdf/rapport_jeandel-guerin.pdf.
Enfin, plusieurs présentations orales ont abordé des sujets en rapport avec l’onco-gériatrie. Cette thématique qui rassemble deux disciplines a pour objectif prioritaire d’optimiser la qualité du soin apporté aux personnes âgées ayant un
cancer. Elle doit tenir compte de nombreuses difficultés, notamment de l’hétérogénéité des présentations cliniques des patients, mais également de l’hétérogénéité des cancers du fait de leurs localisations et de leurs caractéristiques histologiques ou encore génétiques. Parmi les études présentées, une d’entre elles s’est intéressée à l’impact de l’environnement social sur la mortalité en onco-gériatrie montrant qu’un contexte social insuffisant était associé de manière significative à la mortalité à un an et suggérant le développement d’outils pour favoriser le dépistage des fragilités sociales. Une étude de cohorte rétrospective monocentrique s’est intéressée à l’identification des facteurs pronostiques des cancers du pancréas métastatiques non opérables chez les sujets âgés de plus de 70 ans ; une autre étude au dépistage de la carence martiale après l’âge de 75 ans chez des patients ayant un cancer et son association à la mortalité ; une autre encore à l’utilisation du e-learning pour sensibiliser les soignants à l’onco-gériatrie en ayant recours à un MOOC (Massiv Open online Courses). À l’avenir, la Revue de Gériatrie proposera également la publication d’articles relevant de la thématique onco-gériatrique.
La replongée forcée de nos activités de soins dans les eaux troubles de la COVID ne nous fait donc pas oublier la richesse et la transversalité de notre discipline à la fois sur des aspects médicaux et psycho-sociaux.
Liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec cet article.
Marion PÉPIN1, Tristan CUDENNEC1
1 Service de Médecine Gériatrique, AP-HP. Université Paris Saclay site Ambroise Paré, Boulogne-Billancourt, France.
Auteur correspondant : Docteur Marion Pépin, PHU, Service de Médecine Gériatrique, AP-HP, Université Paris Saclay site Ambroise Paré, 9 avenue Charles de Gaulle, 92100 Boulogne-Billancourt, France.
Courriel : marion.pepin@aphp.fr