L’éthique a du succès. Tout le monde en parle. Presque trop. Les gériatres connaissent Lévinas(1) et Ricoeur(2), qu’ils associent à la notion de responsabilité de l’autre et à la sollicitude. Ils savent également que le principe d’autonomie dépasse le consentement éclairé du patient, obligatoire pour l’inclure dans une étude clinique. C’est en effet une exigence légale, déontologique et éthique. Ils respectent presque tous le consentement pour l’entrée à l’hôpital sauf urgence extrême, l’admission en Ehpad, ou le retour à domicile. Ils respectent en général le refus alimentaire, non sans essayer de convaincre le patient ou la patiente de se nourrir. Ils sont bienfaisants et redoutent la maltraitance. Ils ont admis la dignité ontologique du patient en tant qu’humain, même s’il est en situation de handicap cognitif avancé. Ils abordent la vérité sans l’asséner. Ils ont un peu plus de mal à aborder les différents aspects environnementaux de l’éthique de responsabilité. Ils naviguent parfois à vue entre l’inapplicable principe de précaution et l’utile principe de vigilance. Ils ne savent pas toujours animer en équipe une discussion d’éthique.
La pratique gériatrique, médicale ou soignante, confrontée à de très nombreux dilemmes éthiques est à l’évidence un domaine clinique de choix pour le développement personnel et collectif d’une démarche éthique clinique. Paradoxalement, s’il convient de…