Irréconciliables.Le « Tu ne tueras point » contre le « J’ai droit à la liberté de mettre fin à mes jours et de demander qu’on m’aide. » Hétéronomie contre Autonomie.
Irréconciliables, et pourtant…
Les lois en cours, salvatrices, celle dite « Léonetti 2005 » votée unanimement par l’Assemblée nationale, renforcée par celle de Léonetti et Claeys en 2016, ont ouvert la voie d’une solution. L’euthanasie active indirecte par une médication destinée à soulager la douleur et la souffrance et provoquant indirectement la mort sans intention de la provoquer (« double effet » et sédation terminale).
Vous avez dit euthanasie ? Oui, dans le sens grec et littéral de « la bonne mort ».
Ces lois qui libèrent l’aide de la médecine, font des médecins des « passeurs », des aidants à la vie, jusqu’à la mort, et non plus comme naguère avant elles des criminels par non-assistance à personne en danger. Ces lois qui mettent en éthique et en droit les pratiques médicales ancestrales discrètes d’humanité et de sollicitude, et clarifient les indications floues du cocktail dit « lytique » d’Henri Laborit depuis le début des années soixante.
Après les lois néerlandaise de 2001 et belge de 2002, qui essentiellement dépénalisent a posteriori et au cas par cas le don de la mort, ces lois françaises de 2005 et 2016 sur la fin de vie expriment le consensus national des Français en faveur des soins palliatifs. Évidemment, ces lois françaises ne renforcent pas les droits exclusifs des citoyens bénéficiaires de la « liberté » de choisir sa mort et de se faire aider à mourir, mais reposent sur le contrat tacite qui lie conscience et confiance, patient et médecin. Ces lois utilisent la médecine et le soin, et obligent le médecin et le soignant. Elles respectent la science, l’art médical et son humanité au service du malade mourant.
Bien lourde charge, Chères Consœurs, Chers Confrères ! En cette période de défiance collective, savons-nous l’accepter ? Je crois que oui.
La Convention citoyenne sur la fin de vie en 2023 proposait une nouvelle loi instituant une aide médicale à mourir. Cette année, en 2024, la proposition de loi en débat brutalement interrompu privilégie le suicide assisté. Lors d’une reprise probable et prochaine du débat à l’Assemblée nationale, espérons que ces « libertés nouvelles » qui peuvent s’appliquer à l’exception des fins de vie pathologiques très douloureuses, n’incitent pas aussi à un effet pervers, une indésirable culpabilisation des plus vieux d’entre nous d’être encore vivants et coûteux. Les fondations légales actuelles sont solides et répondent déjà aux besoins. Peut-être faut-il l’exprimer un peu plus fort ?
Liens d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec cet article.